Actualité bibliographique de mai
Revue de 3 études par François Aubin et Julie Charles
Psoriasis et troubles du sommeil.
Sleep Disorders and Psoriasis: An Update. Halioua B, Chelli C, Misery L, Taieb J, Taieb C. Acta Derm Venereol. 2022 Apr 27;102:adv00699. doi: 10.2340/actadv.v102.1991.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35191513/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9574693/
Les auteurs ont effectué une revue de la littérature sur les 40 dernières années et ont retenu 16 études évaluant les troubles du sommeil chez les patients psoriasiques. La prévalence était très variable (0.05% à 70% !) selon la méthodologie utilisée mais 6 études cas-témoins retrouvaient des scores de troubles du sommeil significativement perturbés chez les patients psoriasiques. La sévérité du psoriasis, le rhumatisme psoriasique, le prurit et la douleur semblaient être significativement associés aux troubles du sommeil. La symptomatologie était très variable allant des insomnies au syndrome d’apnée du sommeil et au syndrome des jambes sans repos. Les troubles du sommeil contribuaient à une forte altération de la qualité de vie des patients et pourraient également avoir un impact sur les co-morbidités cardiovasculaires, métaboliques et psychologiques des patients. La physiopathogénie de ces troubles du sommeil restent mal connue et quelques études ont montré un effet bénéfique des biothérapies. Au total, cette revue souligne surtout le peu de connaissances sur la place réelle des troubles du sommeil au cours du psoriasis et de ses co-morbidités.
Psoriasis et uvéite.
Psoriasis and uveitis. Köse B, Uzlu D, Erdöl H. Int Ophthalmol. 2022 Jul;42(7):2303-2310. doi: 10.1007/s10792-022-02225-5.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35048244/
Il s’agit également d’une revue de la littérature sur l’association psoriasis et uvéite, association classique au cours du rhumatisme psoriasique. Par contre, très peu d’étude se sont intéressées aux signes oculaires au cours du psoriasis cutané, qui semblent parfois présents chez nos patients. Ils sont peut-être sous-estimés et nous devons garder à l’esprit cette possibilité et interroger nos patients sur une éventuelle symptomatologie oculaire. Des études cas- témoins sont clairement nécessaires.
Rôle des MDSC (myéloïde derived suppessor cells) et de l’IL-35 dans la pathogénèse du psoriasis
Inducible nitric oxide synthase-expressing myeloid-derived suppressor cells regulated by interleukin 35 contribute to the pathogenesis of psoriasis. Zhang J, Zhang Y, Yang Z, Cheng D, Zhang H, Wei L, Liu C, Yan F, Li C, Dong G, Wang C, Shi D, Xiong H. Front Immunol. 2023 Mar 9;14:1091541. doi: 10.3389/fimmu.2023.1091541. PMID: 36969174; PMCID: PMC10034090.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36969174/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10034090/
Les auteurs ont étudié le rôle des MDSC (myéloïde derived suppessor cells) et de l’IL-35 dans la pathogénèse du psoriasis.
Les MDCS sont des cellules d’origine myéloides immatures impliquées dans les réponses immunes dans de nombreux contextes pathologiques tels que les infections, les pathologies tumorales et dysimmunes.
On distingue les G-MDSC (granuleuses) et les M-DSC (mononuclées) qui expriment à de hauts niveaux l’enzyme iNOS (inducible nitric oxyde synthétase) par laquelle sont médiées leurs fonctions suppressives.
Si le rôle suppresseur des MDSC est admis en contexte infectieux ou oncologique, celui-ci n’est pas bien établi en contexte de pathologies dysimmunitaires ou auto-inflammatoires et notamment en contexte de psoriasis.
L’interleukine-35 est une cytokine inhibitrice de la famille de l’interleukine-12 impliquée dans des pathologies inflammatoires, favorisant la production IL-10 et inhibant celle de TNFalpha et d’IL-17.
Le rôle de l’IL-35 en contexte de psoriasis n’est pas non plus élucidé.
Les auteurs ont quantifié les MDSC chez des patients atteints de psoriasis et celles-ci sont augmentées. De même des taux d’IL-35 élevés sont retrouvés chez les patients par rapport aux sujets contrôles.
Les auteurs ont ensuite effectué des procédures expérimentales dans un modèle murin de psoriasis cutané induit par l’application d’imiquimod sur la peau des souris.
Ils observent que les MDSC sont présentes en nombre accru dans la peau et dans la rate des souris psoriasiques et que l’administration d’IL-35 améliore les symptômes de psoriasis et réduit le nombre de MSDC recrutées dans la peau et dans la rate. Les dosages cytokiniques révèlent que la sécrétion de cytokines pro inflammatoires dans la peau et dans le sérum est diminuée chez les souris traitées par IL-35.
Ensuite des transferts adoptifs de MSDC issues de souris psoriasiques KO pour iNOS ou sauvages permettent de mettre en évidence que les effets de l’IL35 sont dépendants de la voie d’INOS exprimée dans les MDSC.
Le schéma présenté ci-dessous synthétise les hypothèses concernant les modalités d’action de l’IL-35.
Ainsi dans les limites de données préliminaires issues d’un modèle murin, les auteurs soulignent le rôle potentiellement délétère des MSDC dans le psoriasis et surtout le rôle bénéfique de l’IL-35 dans la régulation de ces MSDC exprimant iNOS permettant in fine une diminution des phénomènes inflammatoires. Les auteurs suggèrent que l’administration d’IL-35 pourrait ainsi ouvrir une nouvelle voie thérapeutique potentielle dans le psoriasis.