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Les actualités du GRPSO

Actualité bibliographique d'avril

Revue de 3 études par François Aubin, Julie Charles et Irène Gallais Sérézal

Actualité bibliographique d'avril

Revue de la littérature concernant l’utilisation du DLQI en dermatologie, toutes pathologies dermatologiques confondues, dans le cadre d’études cliniques randomisées contrôlées.

A systematic review of 457 randomised controlled trials using the Dermatology Life Quality Index: experience in 68 diseases and 42 countries. Vyas J, Johns JR, Ali FM, Singh RK, Ingram JR, Salek S, Finlay AY.  Br J Dermatol. 2023 Mar 27:ljad079. doi: 10.1093/bjd/ljad079. Epub ahead of print. PMID: 36971254.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36971254/

https://academic.oup.com/bjd/advance-article/doi/10.1093/bjd/ljad079/7086906?login=false

Il s’agit d’une revue de la littérature concernant l’utilisation du DLQI en dermatologie, toutes pathologies dermatologiques confondues dans le cadre d’études cliniques randomisées contrôlées.

L’objectif principal de cette revue de la littérature était d’apporter des éléments objectifs concernant l’utilité du DLQI dans les essais contrôlés en dermatologie.

Ce travail était conduit méthodologiquement selon les guidelines PRISMA (preferred reporting items for systematic reviews and meta-analysis) et a concerné la période 1994-2021.

457 articles parmi les 3220 étudiés ont été retenus, concernant près de 198 587 patients. 68 pathologies dermatologiques étaient représentées, le psoriasis était la pathologie la plus représentée avec 243 études soit 53.2 % des études. Les thérapeutiques étudiées étaient des traitements systémiques dans 84.3% des cas, avec parmi eux 55.9% de traitements dits biologiques. Le DLQI était le critère de jugement principal dans 5.4% des études.

Cette revue apporte une description précise et détaillée de l’utilisation du DLQI dans les essais cliniques randomisés. Les auteurs se sont intéressés aux données concernant les variations de DLQI dans les différents bras des études randomisées et à leur significativité statistique ainsi qu’aux corrélations du DLQI avec les autres scores d’évaluation cliniques des patients. Ils ont également évalué le DLQI au travers de la MID (Minimal Importance Difference, la plus petite amélioration considérée comme pertinente pour un patient) utilisée dans 15 % études.

Cette revue systématique atteste de l’intérêt du DLQI dans le cadre d’essais cliniques et va également dans le sens de son utilisation en pratique de routine clinique. Les auteurs y formulent des recommandations de bonnes pratiques sur l’utilisation du DLQI dans les publications.

Hypolipémiants et psoriasis

Association of Lipid-Lowering Drugs With Risk of Psoriasis: A Mendelian Randomization Study. Zhao SS, Yiu ZZN, Barton A, Bowes J. JAMA Dermatol. 2023 Mar 1;159(3):275-280.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36696131/

Des perturbations lipidiques (syndrome métabolique) ont été impliquées dans la physiopathogénie du psoriasis mais une relation causale reste à prouver. Les statines pourraient présenter des effets anti-inflammatoires intéressants comme l’ont suggéré certaines études pharmaco-epidemiologiques, études qui sont critiquables par l’existence de facteurs de confusion comme les facteurs environnementaux non identifies qui influencent les prescriptions médicamenteuses, ne sont pas quantifies et biaisent les résultats. La randomisation mendélienne remplace les facteurs d’appariement habituels des randomisations (exposition a un médicament hypolipémiant par exemple) par la présence de variants génétiques impliques dans une voie biologique. Ici, les variants sélectionnes à partir d’études GWAS étaient sélectionnés de par leur probabilité d’association à des modifications du LDL (GWAS de Global Lipids Genetics 1.3 million d’individus) et proches de trois gènes avec cibles thérapeutiques déjà sur le marché : HMGCR (statines), NPC1L1 (ezetimibe) et PCSK9 (alirocumab). Le raisonnement est qu’étant du matériel génétique, ces variables ne sont sujettes a aucun biais extérieur, et non modifiables, et donc qu’une association avec le développement par définition ultérieur d’une maladie ne peut être que causal.  Ces patients avec variants sur un de ces trois gènes étaient donc «exposés» à un risque fort de dyslipidémie traitable par des molécules existantes. Le « résultat » de cette exposition était la présence ou non d’un diagnostic de psoriasis. Les bases de données utilisées (Royaume unis et registre Finlandais) utilisaient les codes CIM10 pour le diagnostic de psoriasis. Deux populations de patients avec psoriasis (12 116 patients) ont été comparées à 2 populations sans psoriasis (1.3 millions). Les auteurs ont observé que seule la modification de la voie PCSK9 était associée à un moindre risque de psoriasis (-30%). Ces résultats suggèrent donc l’implication causale de la PCSK9 dans le développement du psoriasis et l’intérêt potentiel de son inhibition médicamenteuse (alirocumab) chez des patients sélectionnés.

Revue sur l’impact des biothérapies sur le risque cardiovasculaire au cours du psoriasis.

Psoriasis and metabolic syndrome: implications for the management and treatment of psoriasis. Wu JJ, Kavanaugh A, Lebwohl MG, Gniadecki R, Merola JF. J Eur Acad Dermatol Venereol. 2022 Jun;36(6):797-806.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35238067/

https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/jdv.18044

Le syndrome métabolique est impliqué dans la sévérité du psoriasis et de ses conséquences cardiovasculaires. Alors que les taux d’adiponectine anti-inflammatoires sont très variables selon les études, les taux de leptine pro-inflammatoire sont le plus souvent corrélés avec la sévérité clinique du psoriasis. L’activation de l’axe IL-23/IL17 impliquée dans le psoriasis contribue également à l’athérosclérose. Plusieurs études suggérent un impact positif des biothérapies (anti-TNF, anti-IL12/23, anti-IL17 sur les paramétres d’imagerie cardio-vasculaires que ce soit au niveau carotidien ou coronarien. Sur le plan thérapeutique, il semblerait que les anti-TNF induisent un effet protecteur tandis que les anti-IL17 et l’ustekinumab n’ont démontré encore aucun effet. Une étude française (Poizeau et al, JAMA Dermatol 2020) a suggéré un sur-risque cardiovasculaire les 6 premiers mois de traitement par ustekinumab chez des patients psoriasiques déjà à haut risque avant traitement. Ces résultats comportant de nombreux biais n’ont jamais été confirmés.