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Actualité bibliographique du mois de novembre

Risankizumab : nouvel anti-IL23 pour la prise en charge du psoriasis modéré à sévère - Pauline Bataille et Emilie Sbidian

Actualité bibliographique du mois de novembre

Thème : THERAPEUTIQUE

Titre : Risankizumab : nouvel anti-IL23 pour la prise en charge du psoriasis modéré à sévère

Qu’est-ce que le risankizumab ?

Le risankizumab est un anticorps monoclonal IgG1 qui inhibe l’IL-23, en se liant à sa sous-unité p19. L’interleukine 23 est composé de 2 sous-unités, la p19 et la p40, jouant un rôle pivot dans la pathogénie du psoriasis, induisant et entretenant une réponse Th17, Th22, IL-17, IL-22 et TNFa.

La sous-unité p19 est spécifique à l’interleukine 23, contrairement à la sous-unité p40, présente également au niveau de l’interleukine 12. Ainsi, l’ustekinumab, anticorps monoclonal IgG1kappa entièrement humain se liant avec une forte affinité et spécificité à la sous-unité protéique p40, inhibe, à la fois, les interleukines 12 et 23.

Le risankizumab est-il efficace dans la prise en charge du psoriasis modéré à sévère ?

Dans l’étude de phase 2, le rizankinumab avait montré son efficacité en comparaison à l’ustekinumab (45 mg si poids100kgs à S0, S4 et S16) avec un même profil de tolérance, sur 2 des 3 posologies testées (90mg et 180mg à S0, S4 et S16)[i].

Les études UltlMMa1 et UltlMMa2 sont les études de phase 3 multicentriques (139 sites), internationales, contrôlées, randomisées, en double aveugle, évaluant l’efficacité et la tolérance du risankizumab versus ustekinumab et placebo.

Ci-dessous les caractéristiques méthodologiques de ces études :

  • Population à l’étude: Patients âgés de 18 ans ou plus présentant un psoriasis cutané chronique modéré ou sévère, associé ou non à un rhumatisme psoriasique, avec à l’inclusion, une surface corporelle atteinte > 10%, un PASI90 > 12, ou un score PGA > 3.
  • Caractéristiques de la randomisation : Partie A S0-S16: 3 bras (3 :1 :1), groupe risankizumab (150mg en S/C), groupe ustekinumab (45mg si poids100kgs en S/C) et groupe placebo. Les injections étaient réalisées à S0 et S4. Partie B S16-S40 : 2 bras, switch du groupe placebo dans le groupe risankinumab, poursuite des 2 autres bras à l’indentique. Les injections étaient réalisées à S16, S28 et S40.
  • Critères de jugement principaux : Proportion de patients obtenant une amélioration de 90% du PASI90 et un score PGA à 0 ou 1, à 16 semaines (S16).
  • Critères de jugement secondaires : score PGA à 0, amélioration de 75% ou de 100% du PASI, DLQI à 0 ou 1, score de PSS (évaluation de la douleur, de l’érythème, du prurit, et de la sensation de brulures cutanées) à 0, modifications du PSS à S12, S16 ou S52.
  • L’évaluation des critères de jugement principaux et secondaires a été effectuée à S0, S4, S12, S16, S22, S28, S34, S40, S46 et S52.

Entre le 24 février 2016 et le 31 août 2016 (UltIMMa1) et entre le 1er mars 2016 et le 30 aout 2016 (UltIMMa2), 506 patients ont été inclus dans l’étude UltIMMa1 (304 dans le groupe risankizumab, 102 dans le groupe ustekinumab et 102 dans le groupe placebo) et 491 patients dans l’étude UltIMMa2 (294 dans le groupe risankinumab, 99 dans le groupe ustekinumab et 98 dans le groupe placebo) (figure1).

Le risankizumab a montré une plus grande efficacité sur les critères de jugement principaux, versus l’ustekinumab et versus placebo à S16, ainsi que sur l’ensemble des critères de jugement secondaires (figure 2). La différence de risque pour l’obtention du PASI 90 à S16 (i.e. la différence entre la proportion de patients obtenant un PASI 90 à S16 du groupe risankizumab et la proportion de patients obtenant un PASI 90 à S16 du groupe ustekinumab ou placebo) était de 70.3% (64-77%) par rapport au placebo et de 33.5% (23-44%) par rapport à l’ustékinumab. L’efficacité du rizankizumab obtenue à S16 se maintenait de façon supérieure à l’ustekinumab dans le temps. Cette efficacité était maintenant dans le temps avec une différence de risque entre le risankizumab et l’ustékinumab à S52 de 38.3% (28-49%). Les patients du groupe placebo ayant débuté le traitement par risankizumab qu’à partir de S16, obtenait le même profil de réponse que les patients du groupe risankizumab.

Le profil de tolérance entre les groupes risankizumab, ustekinumab et placebo ne semblait pas différent, représentant respectivement 61,3%, 66,7% et 67% des patients faisant un évènement indésirable secondaire, excepté pour les infections qui étaient plus fréquentes (mais à des taux identiques) dans les groupes risankizumab et ustekinumab. Les infections sévères représentaient 0,7% des patients traités. 2 événements cardio-vasculaires furent rapportés dans le groupe risankizumab de l’étude UltIMMa2, dont un arrêt cardio-respiratoire entrainant le décès.

Pour résumer, via un blocage sélectif de la sous unité p19 de l’interleukine 23, le risankizumab a montré une meilleure efficacité, en termes de rapidité d’action, de disparition des lésions cutanées de psoriasis, et de stabilité de la réponse dans le temps, en comparaison à l’ustekinumab dans le traitement du psoriasis modéré à sévère pour un profil de tolérance identique. Cette molécule renforcera le panel thérapeutique des patients atteints de psoriasis modéré à sévère.

[i] Kim A. Papp and others, ‘Risankizumab versus Ustekinumab for Moderate-to-Severe Plaque Psoriasis’, The New England Journal of Medicine, 376.16 (2017), 1551–60 <https://doi.org/10.1056/NEJMoa1607017>.

Référence de l'article :

Efficacy and safety of risankizumab in moderate-to-severe plaque psoriasis (UltIMMa-1 and UltIMMa-2): results from two double-blind, randomised, placebo-controlled and ustekinumab-controlled phase 3 trials.

Kenneth B Gordon, Bruce Strober, Mark Lebwohl, Matthias Augustin, Andrew Blauvelt, Yves Poulin, Kim A Papp, Howard Sofen, Lluís Puig, Peter Foley, Mamitaro Ohtsuki, Mary Flack, Ziqian Geng, Yihua Gu, Joaquin M Valdes, Elizabeth H Z Thompson, Hervé Bachelez.

Lancet, 2018 Aug 25;392(10148):650-661. doi: 10.1016/S0140-6736(18)31713-6. Epub 2018 Aug 7.